La reine de la patate
S’il y a un livre photo qui s’est fait désirer, c’est bien celui-ci! En novembre passé, j’ai contribué à une campagne de socio-financement visant la publication de cet ouvrage qui rend hommage aux « stands à patates frites. » Pandémie oblige, c’est presque 10 mois plus tard que le titre paraît enfin, passant ainsi du rêve à la réalité. L’attente en valait-elle le coup? Tout à fait!
On doit à une cousine française, Françoise Chadaillac, ces images qui mettent en valeur un des joyaux du patrimoine québécois. En effet, si pour nous les casse-croûtes font partie du paysage depuis belle lurette, pour Chadaillac débarquée au Québec en 1979 pour y préparer une thèse sur les espaces urbains, ces « cabanes à patates » sont une révélation. C’est ainsi qu’elle décidera de photographier ces institutions, qui expriment à bien des égards un phénomène de société qui nous est spécifique.
De ses propres aveux, elle y a rencontré des gens magnifiques, simples, lucides, pleins d’humour et qui, en parlant d’eux, parlaient de l’humanité entière. Les phrases glanées ici et là au cours de ses prises de vue se sont avérées aussi révélatrices que ses images et elle nous fait le plaisir d’en parsemer l’ouvrage. Comment rester insensible à des mots tels que : « J’ai laissé ma jeunesse et ma beauté dans un stand à patates, moi… »
Ce livre nous fait voyager dans le temps, à un point tel où on a parfois le sentiment de se reconnaître dans certaines images. J’aurais fort bien pu être le garçon ci-dessous (même coupe de cheveux et bicyclette quasi identique), qui allait fièrement chercher « 5 $ de frites » pour accompagner le souper familial du vendredi! Feuilleter cet ouvrage, c’est retrouver des odeurs et des saveurs oubliées. Si pour Marcel Proust c’était les madeleines, force est d’admettre que pour moi c’est le casseau de frites (avec un sachet de vinaigre) du casse-croûte Soleil!J’ai laissé ma jeunesse et ma beauté dans un stand à patates, moi…
La Reine de la Patate ou Les Cantines du détour
Par Françoise Chadaillac, Éditions Loco 120 pages, couverture rigide, 72 $
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