Émulation et motivation

« Rien n’est original. Dérobez de toutes les sources qui résonnent en vous ou nourrissent votre imagination. Dévorez de vieux films, des films récents, de la musique, des livres, des peintures, des ­photographies, des poèmes, vos rêves, des conversations aléatoires, de l’architecture, des ponts, des panneaux de signalisation, des arbres, des nuages, des étendues d’eau, de la lumière et des ombres. Ne vous abreuvez que de ce qui parle directement à votre âme. Si vous faites ça, votre travail (votre larcin) sera authentique. L’authenticité est inestimable. L’originalité n’existe pas. Et ne cachez pas votre cambriolage, célébrez-le si vous en avez envie. Dans tous les cas, souvenez-vous toujours de ce que Jean-Luc Godard a dit : “Ce n’est pas à l’endroit où vous prenez les choses qui importe, mais là où vous les mènerez.” »¹

Cette citation du cinéaste américain Jim Jarmusch a si longtemps orné le mur de mon bureau que la feuille était jaunie lorsque je l’ai décrochée. Elle m’est revenue en tête récemment et pour moi, elle contribue se belle manière à diminuer le sentiment de culpabilité qu’entretiennent ­certains créateurs par rapport à leur travail..

On peut considérer les images qui nous touchent avec envie ou alors comme source de motivation. Je préfère la deuxième option. Je ne crois pas qu’il y ait de mal à se laisser influencer par d’autres pour ensuite évoluer et trouver sa propre voie. Attention, je ne parle pas ici de plagiat, mais bien d’inspiration. De toute façon, même si vous vous donnez comme ­objectif de répliquer les images de vos idoles, vous n’y parviendrez jamais exactement. Il y aura toujours une petite différence. C’est cette différence qui vous est propre. Et plus vous persévérerez, plus celle-ci grandira. C’est elle qui fera de votre production quelque chose d’unique.

Inspiration

Pour être authentique donc, il faut d’abord s’abreuver à de nombreuses sources comme le suggère Jarmusch, et pas seulement à ce qui est en lien avec la photographie. L’inspiration est partout et tout peut être ­inspirant, il suffit de se laisser guider par la curiosité et d’être à l’écoute de ses sens. C’est un processus continu d’observations et de perceptions. Avec le temps, des chemins se tracent, des concepts émergent puis prennent forme pour refléter nos idées et notre vision.


On peut considérer les images qui nous touchent avec envie ou alors comme source de motivation. Je préfère la deuxième option. Je ne crois pas qu’il y ait de mal à se laisser influencer par d’autres pour ensuite évoluer et trouver sa propre voie.


© Henri Cartier-Bresson
Cette photo a été la source d’inspiration de photo du haut, même si les deux images sont complètement différentes. Madrid, 1933 © Henri Cartier Bresson

En abordant chaque projet comme une étape dans son parcours ­créatif et en tentant d’aller chaque fois un peu plus loin, on cesse de vouloir « ’être original » ou d’avoir peur d’être ennuyeux. On ne se mesure plus à des standards inatteignables et on se concentre sur les choix ­photographiques qui nous représentent vraiment. En cours de route, il en sortira peut-être quelque chose d’unique et, soudainement, tout ­deviendra possible.

¹SOURCE: Jarmusch, Jim. “Things I’ve Learned.” MovieMaker Magazine, #53, 22 janvier, 2004.

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